La regarder jouer du piano est un pur régal. Comme si les doigts d’Hiromi Uehara, étaient semblables à une nuée de moineaux, qui tapent, piquent, pincent les cordes de son clavier. Attaquant en piqué avec une vélocité féroce qui n’est pas sans rappeler la folie rock’n’roll de Jerry Lee Lewis, arrachant parfois un éclat de rire à l’artiste campée debout devant son piano. L’expérience n’est pas seulement un délice pour le spectateur, elle l’est aussi clairement pour l’artiste, dont le sourire immense traduit tout le bonheur de jouer.
Enfant prodige, pianiste magistrale capable de jouer Rachmaninov ou Mozart à l’envers, Hiromi Uehara se produit sur scène aux cotés de Chick Corea à 17 ans. Un bon début. Mais c’est à la Berklee Music Academy de Boston que la vie de cette première de la classe prend un tour déterminant à travers sa rencontre avec Ahmad Jamal qui devient son mentor. À ses côtés, elle apprend la sobriété et la profondeur.
Hiromi Uehara refuse d’être associée à une tendance ou à une autre. Elle aime Oscar Peterson et Björk, Bach et Sly and the Family Stone. Pourtant, les quatre albums couronnés de récompenses d’Hiromi Uehara ne ressemblent à rien de connu. Jazz traditionnel ? Jazz alternatif ? Elle seule, aidée en cela par de solides musiciens, sait où elle va, là où la musique l’emmène.
Crédit photo © Muga Miyahara
