Il y a quelques années encore, Luca Santtana était reconnu comme l’un des pionniers de l’exploration des sons et des effets électro au Brésil. Et puis le Brésil a changé. Les éructations de Jair Bolsonaro ont créé de nouvelles discriminations, des violences policières, des ravages en Amazonie.
L’urgence de cette situation pousse le chanteur à changer de registre et de style, il y a deux ans avec un nouvel album, « O céu é velho há muito tempo » (en français, Le ciel est vieux depuis très longtemps). À la violence du ton, aux vociférations de l’époque, Lucas Santtana, seulement accompagné d’une guitare, opposera le murmure intime de la bossa nova et le phrasé subtil d’un Joao Gilberto. Une douceur qui tranche avec les textes, sans compromis, dénonçant le fascisme du président brésilien, en soutien aux communautés LGBT et aux populations indiennes d’Amazonie. Mine de rien, Lucas Santtana se replace directement dans la grande lignée de ses ainés tropicalistes qui contestaient la dictature des années 60. Le chanteur reprend d’ailleurs un des slogans phare de ces années de lutte : « Personne ne se lâche la main », sans doute l’un des plus beaux morceaux de cet album. Le message est fort, mais chargé d’espoir : O melhor há de chegar, le meilleur reste à venir, chante aussi Lucas Santtana.
Crédit photo © Flora Negri
Lucas Santtana : chant, guitare
James Muller : percussions
Caetano Malta : claviers, machines
