Le 3 juillet, au Centre de la Vieille Charité, Marseille Jazz des Cinq Continents accueille la saxophoniste londonienne, Nubya Garcia. En formation quartet, elle est accompagnée du pianiste Lyle Barton, qui alterne entre rhode et piano à queue, Max Luthert, à la contrebasse et Sam Jones à la batterie. Une discographie qui fusionne jazz, reggae, calypso, Circa, dub, garage et UK Funky, le dernier projet de l’artiste, Odyssey, l’a propulsée sur la scène internationale, comme nous l’explique Hughes Kieffer, directeur du festival. L’album mêle un jazz texturé et mature, et représente les évolutions de la jeune compositrice depuis Source. Elle nous y conte une odyssée, un voyage, aussi riche que son harmonie. Le concert débute avec Dawn, premier titre de l’album, marquée par des juxtapositions de rythmes et des changements de métriques avec au-dessus de tout, le saxophone ténor, aux couleurs graves, somptueuses et lisses. Sans transition, le groupe passe à Solstice grâce à un rythme porté par la batterie et la contrebasse. Lorsqu’elle ne joue pas, Nubya danse et laisse à chaque musicien le moment de briller, des applaudissements pour le pianiste et un solo de batterie qui emporte le public en mouvement. Ils passent plus tard à Water’s Path, un morceau qu’elle a composé pour cordes seules. En effet, l’album est largement enrichi par l’ajout de cordes, un arrangement que la saxophoniste a entrepris seule, une tâche pas si facile, nous explique-elle. Ici, les pizzicati des cordes sont transformés au clavier, pour cette version en quatuor, en gardant le même ressenti cinématographique que la version studio. Nubya Garcia nous offre un magnifique solo improvisé et a cappella ; la nuit est tombée, le public retient son souffle, les éventails reposés, tous regardent en admiration. Pour finir le concert, comme pour finir l’album, Nubya lance Triumphance. Un morceau qui reflète ses influences cubaines et qui rappelle le caractère de son premier album Source. Elle y déclame un toaster [du parlé-chanté rythmé] avec des
paroles qui incarnent le mantra de l’album : nous sommes un seul peuple, et nos différences individuelles doivent être célébrées. Quelques dizaines de spectateurs se mettent debout et dansent à côté. Un beau message pour terminer cette belle soirée qui incarne l’esprit même du festival : la fusion des musiques des cinq continents, un espace où célébrer cette communauté jazz internationale et libre.
LAVINIA SCOTT